Faut-il souscrire à l’emprunt d’EDF ?

Le groupe français EDF lance le 17 juin jusqu’au 6 juillet 2009 (la date limite a été rapprochée du 10 au 6 juillet), une campagne d’emprunt auprès des particuliers. Destinée à financer les investissements en France du groupe énergétique, cette opération prendra la forme d’un emprunt obligataire.

 

Un emprunt obligataire, c’est quoi ?

Comment fonctionne un emprunt obligataire ?

L’emprunt obligataire se présente comme un prêt qu’un groupe de personnes, physiques ou morales, fait à une société. Pour la société émettrice, cela constitue une dette à moyen/long terme ; elle devra payer des intérêts annuels à l’ensemble de ses prêteurs. Ces intérêts, appelés coupons, sont calculés à partir de la somme prêtée et seront constants pendant la période de prêt.

Lors d’un emprunt obligataire, le capital versé est bloqué jusqu’à l’échéance et des intérêts rémunèrent le placement. Le capital est remboursé au prêteur à l’issue de la période de prêt.

Au niveau fiscal, pour les particuliers qui souscrivent à un emprunt obligataire, les coupons seront imposés comme des intérêts de placement. Ils seront imposés en fonction du taux marginal d’imposition et subiront les prélèvements sociaux (CSG, CRDS, …) qui sont de 12,1% ou ils seront soumis au prélèvement forfaitaire libératoire  de 30,1%.

La seconde solution étant la plus intéressante si le taux d’imposition du prêteur est supérieur à 18% (30,1%-12,1%).

A quoi sert une campagne d’emprunt obligataire ?

Une entreprise peut financer son activité de différentes façons. Elle peut puiser dans ses capitaux propres qui émanent des actionnaires/associés (selon la forme de l’entreprise), utiliser le crédit court terme lié à des délais de paiement ou à du découvert bancaire, mais également souscrire à des emprunts et des dettes à moyen et long terme.

Afin de diversifier ses modes de financement et diminuer les risques, une entreprise utilise souvent l’ensemble de ces outils. Parmi ceux-ci, l’emprunt obligataire est une solution simple et immédiate pour lever des fonds afin de financer des investissements.

Pour le prêteur, est-ce un placement dangereux ?

Le risque qui existe est de perdre le capital investi si l’entreprise qui emprunte ne peut plus le rembourser à la fin du prêt.

Tout dépend de la situation de l’entreprise et de l’évolution du marché. Une entreprise solide financièrement, qui est sur un marché stable à long terme présente presque aucun risque. Cependant, une entreprise en difficulté financière ou se trouvant sur un marché en déclin présente un danger pour le prêteur.

L’emprunt (obligataire ou non) étant considéré comme une dette, en cas de dépôt de bilan, le préteur ne sera pas considéré comme un créancier prioritaire à rembourser. Dans une telle situation, les salariés, l’Etat, les fournisseurs… seront prioritaires. Les emprunts seront remboursés seulement après et souvent, lors d’un dépôt de bilan, il ne reste plus d’argent pour payer les dettes. Le créancier perd alors tout espoir de récupérer son argent.

Souvent, plus le risque est élevé, plus la rémunération est attractive pour compenser la prise de risque.

Le placement peut également perdre de sa performance si le prêteur ne va pas jusqu’à l’échéance. Dans ce cas, la valeur des obligations sera indexée sur le taux directeur de la banque centrale européenne qui peut évoluer à la hausse comme à la baisse.

Pour ne pas perdre de l’argent, il faut alors conserver ses obligations jusqu’au terme, le capital est alors garanti.

L’emprunt obligataire d’EDF est-il intéressant ?

Un risque faible

L’offre d’emprunt d’EDF présente peu de risques. En effet, la présence de l’Etat français au capital et la position stratégique d’EDF sur le marché de l’énergie donnent de nombreux gages de confiance aux futurs créanciers. EDF est aujourd’hui une entreprise en croissance avec notamment de grands projets d’investissements en France (énergie renouvelable, centrales nucléaires, EPR …) et est de plus en plus présente dans le monde.

Pour faire face à son développement, EDF doit trouver de l’argent et c’est dans cet objectif qu’elle utilise l’emprunt obligataire. Le groupe énergétique souhaite lever de cette façon un milliard d’euros.

 Une performance « correcte »

Quant à la performance du placement, elle semble intéressante à ce jour.

Alors que les livrets d’épargne ne dépassent pas 2% de rémunération (1,75% pour le livret A) et qu’ils ont tendance à baisser, les obligations d’EDF seront rémunérées au taux fixe de 4,5% l’an sur une durée de prêt de 5 ans, quelle que soit la conjoncture et l’évolution des taux.

Néanmoins, il faut savoir que les intérêts de l’emprunt obligataire sont soumis à l’imposition (de 12,1% jusqu’à 30,1% pour la tranche d’imposition la moins avantageuse) contrairement à des placements comme le Livret A qui est exonéré d’impôt.

En prenant en compte ce prélèvement fiscal, les taux des obligations EDF sont encore intéressants.

Comparaison de la rentabilité entre le Livret A et l’emprunt EDF sur 5 ans.

 

    Capital investi                     Livret A* EDF
Prélèvement libératoire 30,1 %
EDF
Imposition minimum à 12,1 %
1 000 1 090,62 1 157,28 1 197,78
2 000 2 181,23 2 314,55 2 395,55
5 000 5 453,08 5 786,38 5 988,88
10 0000 10 906,17 11 572,75 11 977,75

 *Valeurs présentées pour le livret A en admettant que le taux de rémunération du Livret A (1,75% au 17/6/2009)  soit fixe durant les 5 prochaines années.

Dans les circonstances actuelles, l’emprunt d’EDF semble intéressant, à condition d’aller jusqu’à l’échéance du prêt.

Un autre paramètre à prendre en compte est l’évolution des taux d’intérêt dans les années à venir. Si ceux-ci montent, ils vont entraîner une meilleure rémunération des placements tels que le livret A et faire perdre de son attractivité à l’emprunt EDF.

Cependant, on estime aujourd’hui qu’à court terme les taux seraient plutôt à la baisse, ce qui est un élément plutôt incitatif pour souscrire cet emprunt.

Afin de simplifier les démarches de souscription, les obligations EDF sont disponibles dans l’ensemble du réseau bancaire français.

Attention aux frais annexes !

Lorsque l’on souscrit à une obligation, on est obligé d’avoir un Compte-Titres. Ce type de compte engendre des frais fixes de création et des frais variables de gestion.

Ces sommes sont variables d’une banque à l’autre mais elles peuvent atténuer fortement la performance d’un placement, surtout si le compte ne contient que peu de valeurs.

Renseignez vous sur les modalités de fonctionnement d’un Compte-Titres auprès de  votre banquier.

Une proposition qui a des émules !

D’autres sociétés utilisent l’emprunt obligataire pour se financer telle Arcelor-Mittal qui affiche un taux attrayant (autour de 8 %), mais dans ce cas précis, le risque est sans doute plus élevé que pour EDF.

Cependant cette pratique a été rarement utilisée par les entreprises ces dernières années mais la campagne d’EDF vers les particuliers semble donner des idées à d’autres. En effet, Suez Environnement (groupe GDF/Suez) se dit prêt à lancer une opération similaire. Reste à savoir si le taux que Suez proposera sera plus rentable que celui d’EDF.